Une Rose
D'où je viens


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Véronique


On est en 1944 à Györ, une petite ville en Hongrie. Véronique a 18 ans. Sa mère est chapelière et propriétaire d'une petite boutique bien en vue et Sándor (prononcé: shanne-dor), son père, l'adore comme une princesse. Elle étudie bien et suit des cours d'allemand, langue seconde.. Avec ses amis elle parle de la vie et des Russes qui s'en viennent envahir leur pays..

La rumeur veut qu'ils vont arriver et repartir, mais Véronique et une de ses amies, que j'appellerai Ergike, ne veulent pas les voir.. Leur prof d'allemand est prêt à les aider à s'éloigner de leurs foyers en attendant que les Russes repartent.. Un petit réseau aide plusieurs de ses étudiants. Quelques formalités à remplir. Le père de Véronique est d'accord pour que sa fille ne vive pas sous l'occupation étrangère.

Une nuit, avec des bagages au minimum les deux filles partent. Elles sont amenées à un camp de réfugiés en Allemagne.. Je ne sais pas beaucoup au sujet de ce camp, seulement qu'elle ont mangé des pommes de terre de toutes les façons imaginables pendant six moi et qu'elles étaient bien traitées malgré la misère.

Durant ces jours difficiles , plusieurs pays ont des programmes d'aide aux réfugiés. La Belgique accueille et place dans des foyers comme nourrices ou bonnes à tout faire, les jeunes filles.. Véronique et sa copine se retrouvent donc dans deux familles très différentes, mais dans la même ville. Ergike travaille en uniforme très sévère et vit dans les quartiers des domestiques. Véronique est un peu adoptée par ses employeurs.. Elle travaille pour la famille mais prend les repas à la table familiale.. Elle maintient une correspondance très chaleureuse avec son père qui lui manque et se fait des amis parmi la Jeunesse Belge..

Le temps passe. Les filles réalisent que les Russes ne partiront pas de sitôt de la Hongrie et qu'elles sont aussi bien de l'accepter. Il y a beaucoup de démarches à faire pour pouvoir rentrer au pays mais un an après leur arrivée, leurs papiers de retour sont prêts et les réservations de train faîtes.

Elles ont vécu beaucoup d'émotions et leurs adieux avec leurs nouveaux amis sont tendres... mais le vent change..

Deux jours avant sont départ Véronique reçoit une lettre. Une lettre de sa mère qui auparavant ne faisait que la saluer au bas des pages qu'elle recevait de son père. Les Russes avaient trouvé une lettre (quelques formalités) écrite à la main par son père, qui promettait de ne pas dévoiler le réseau organisé pas le prof d'allemand en échange de la sortie par ce réseau, de sa fille bien aimée, Véronique. Les Russes avaient décidé que Sándor était "grand traître à la patrie" et l'ont expédié dans un camp de concentration en Sibérie. En même temps sa mère lui annonçait que Véronique était elle-même recherchée et ne devait plus jamais revenir au pays.

Véronique avait 19 ans.


Mon grand-père a passé sept ans en Sibérie et les Russes lui ont seulement permis de retourner dans son village lorsque trop malade, il allait mourir bientôt...

Ma mère est restée six ans en tout en Belgique, mais à la première occasion qu'elle a eue de s'éloigner encore plus des Russes, elle l'a prise..

Véronique
Elle voulait aller dans un pays où ça parlait français. C'était pile ou face entre le Québec et l'Algérie...

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Printemps 1951



Un transatlantique rempli de rêves et d'espoirs vient d'accoster au port d'Halifax. Parmi les passagers il y a Ernestine, 45 ans qui voyage avec son fils Albert et sa bru Véronique. Les trois se préparent pour prendre le train qui les conduira vers Montréal et vers une nouvelle vie loin des Russes qui occupent la leur pays d'origine, la Hongrie.

La traversée en bateau a été longue et Ernestine aimerait bien manger un petit quelque chose avant de se faire brasser par le train. Elle demande donc aux deux jeunes d'aller chercher de quoi grignoter un peu. Ceux-ci partent pour leur première aventure en Amérique. Véronique et Albert parlent le hongrois, le français et l'allemand et Albert se débrouille également en russe, en italien et en espagnol, mais aucun des deux ne connaît l'anglais. Ils ont choisi le Canada, car on y parle le français .

Ils décident d'acheter quelques bières, pour fêter leur arrivée en terre promise, et du bon pain frais avec du beurre pour la belle-mère. L'épicerie est facile à trouver , alors ça ne devrait pas prendre trop de temps. Bon bien d'abord, du beurre. Il n'y a pas de français sur les emballages, par contre; BUTTER anglais en c'est assez proche de BUTTER en allemand, et ils en trouve assez facilement. Mais, peanut, ça veut dire quoi? Ils ne savent pas. Mais du beurre c'est du beurre alors pas de problème!!! OK, maintenant la bière.. BEER en anglais c'est assez proche de BIER en allemand, et ils en trouvent assez facilement. Mais, root; ça veut dire quoi??? Ils ne savent pas. Mais de la bière c'est de la bière alors pas de problème!!! Finalement ils découvrent le pain Weston et eux qui de leur vie ils n'ont jamais vu du pain tranché se disent qu'en Amérique c'est la belle vie, même plus besoin de trancher le pain! et c'est le bonheur parfait!

Ils ont toute une surprise quand ayant rejoint Ernestine dans la gare, ils prennent leur premier repas au Canada tout en écoutant le charmant accent des acadiens de la place!! Ils pensaient avoir de la bière, du bon pain et du beurre et à la place ils ont de la rootbeer (racinette) et des tartines minces de beurre d'arachides!



Maudit qu'ils devaient se demander dans quoi qu'ils s'étaient embarqué, et pour quelle vie ils avaient dépensés toutes leurs économies.!! Personnellement je pense que c'est durant ce repas mémorable qu'ils ont décidés que si un jour ils auraient des enfants, ils les enverraient à l'école anglaise!
(fin)

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Noël

Albi et Marykaa, Noël 1958

Quand j'étais jeune, ma famille fêtait noël d'une façon très différente des familles de mes amis. Je ne sais pas si c'est une tradition typiquement hongroise ou si c'est une adaptation de la tradition hongroise élaborée par mes parents, mais je sais que c'était un temps très spéciale...

La première annonce de noël se passait le 6 décembre. En effet on fêtait la St Nicolas! Tous les ans, pendant que nos amis confectionnaient des listes plus ou moins élaborées à envoyer au Père Noël , nous le 6 décembre nous recevions des cadeaux!..OH! pas grande chose. De petits jouets pour aider à patienter jusqu'aux fêtes, des choses dont nous avions besoin pour l'école ou les vêtements que nous porterions à noël. Mais c'était très spéciale, car St Nicolas venait juste chez nous.... et en Europe..

le reste des préparations pour le 24 décembre on ne sen rendait pas compte...

mais nous savions que le 24 sen venait...

Cette journée là nos parents étaient toujours occupés. Il fallait que tout soit propre pour la venue des anges... OUI c'est les anges qui nous apportaient des cadeaux!! et même plus, c'est les anges qui nous apportaient l'arbre de noël!

Donc l'après-midi du 24 ma grand-mère paternelle qui habitait avec nous , nous amenait jouer dehors où nous occupait dans la cuisine. Nous n1avions absolument pas le droit d1aller dans le salon.. même mes parents n1y allaient pas, il ne fallait pas déranger les anges si jamais ils passaient de bonheur. Mais ils ne passaient jamais de bonheur. Nous avions toujours le temps de souper avant d1entendre la petite cloche de l1arbre de noël qui signalait leurs passage.

Mais revenons un peu au souper. C'était toujours du Veau Viennois avec des pommes de terre et de la salade. Pour dessert on mangeait du Bejgli , une roulade aux noix de Grenoble absolument exquis que ma mère préparait à chaque grande occasion. Généralement vers la fin du repas, au moment où les grandes personnes prennent le café ou se lêvent pour aller chercher une cigarette..(rire) on entendait enfin le tintement de la clochette de l'arbre de noël. Au fait c'était une des «boules de noël » en vitre teint , en forme de cloche , qui faisait le bruit quand les anges la touchaient.

À ce moment mon père sortait la caméra et nous allions au salon lentement, solennellement mais avec toute l'excitation de l'attente du miracle...

Ce que nous apercevions en entrant c'était un arbre de noël absolument magnifique qui avait poussé dans un coin du salon d1absolument nulle part.. sur la cime, un ange, éclairé par l1intérieur.. et en plus des décorations classiques et des glaçons en quantité il y avait sur le bas de l'arbre, des cheveux d'anges !! En effet , les anges en passant mettre les cadeaux sous l'arbre s'étaient frôlés les long cheveux aux branches de sapin qui avaient décidés d1en garder quelques uns...

et sous l'arbre, les cadeaux.. NON pas des boîtes emballées, mais des jouets : poupées, cheval à bascule ou train électrique.. il n'y avait aucun emballage aucun nom de destinataire.. mais comme nous étions juste 2 enfants, mon frère de 1 1/2 ans de plus que moi et moi, nous savions ce qui était destiné à qui.

MAIS il n'était pas question de nous jeter sur les jouets. Non, nous nous placions debout autour de l'arbre en se tenant par la mains et nous commencions par chanter une chanson dont les paroles se traduisent en peu comme ceci..:

du ciel, l'ange
est descendu chez nous
les bergers, les bergers
pour qu'à Bethléem
en y allant rapidement
vous voyiez, vous voyiez
le fils de dieux
est descendu chez vous
dans une crèche, dans une crèche
il sera pour vous
votre sauveur
en réalité, en réalité....

 

*edit 26 décembre 2006* j'ai retrouvé par google.hu la chanso


 




ensuite toujours en se tenant par la main et en admirant les spectacle de l'arbre et des cadeaux nous chantions l'hymne national hongrois (ceci je suis sur était une tradition uniquement familiale, mais mon père y tenait absolument et versait toujours une larme ou deux, ce qui nous rendait très solennelle même à 5 ans! ) Finalement nous disons le Notre Père toujours en hongrois évidemment.

Je me souviens encore des émotions qui passaient en moi durant ces long moments magiques où je réussissais à rester à côté de mon frère sans nous chicaner ou nous tirailler.. nous voulions aller toucher aux jouets, et nous avions hâte de dire nos réactions.. mais nous devions attendre...

Finalement après le «Amen».. on s'embrassait et on souhaitait Joyeux noël à chacun des membres de notre petite famille. et nos parents nous disaient qu'on pouvait aller voir les jouets.. Et ce que je me rappelle aussi, c'est qu'on s'approchait des jouets lentement car on ne savaient souvent pas par où commencé... nous étions une famille assez pauvre mais mes parents mettaient toujours le paquet pour noël..

(fin)

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L'arbre de noël

.......suite de «Noël» Je devais avoir 4 ans. c'était quelques jours avant noël et nous savions que les anges ne devaient pas apporter l'arbre de noël avant le soir du 24. Nous étions très excités et nous courions partout dans le petit logement de 4 pièces où nous habitions. Nous n'avions pas le droit d'aller sur le balcon arrière , il y avait trop souvent des rats dans ce quartier pauvre de Montréal. Mais nous étions des enfants , mon frère avait 5 ans et je devais ma cacher, ou me sauver, je ne me souviens plus..

Toujours est-il que nous nous retrouvons sur le balcon et.. SURPRISE! il y a un arbre de noël comme nous n'avions jamais vu qui était là accoté sur le hangar. Nous n'avions jamais vu d'arbre non décoré!! les anges apportaient toujours des arbres tout décoré dans le salon le 24 décembre.. mais plusieurs jours avant?? pas décoré? que ce passait-il?

En courant nous sommes allés voir ma mère qui, après nous avoir écouté raconter notre trouvaille, et avoir pris tour à tour des aires surpris, et solennelle, et finalement joyeux. s'exclame «Vraiment??? magnifique!!! déjà?? comme ça les anges trouvent déjà que vous êtes assez grand pour aider à la décoration de l'arbre de Noël. OH moi qui ne pensais pas que ce sera avant plusieurs années... enfin c1est eux qui le savent.. bon allons voir ça..»

et à partir de cette année là c'est nous, avec un peu d'aide de nos parents..*rire* qui décorions l'arbre... mais le soir du 24 quand les anges passaient.. ils accrochaient encore leurs cheveux sur les branches du bas de l'arbre, ce qui fait que quand nous entrions dans le salon au tintement de la cloche... la magie était entière... (fin)

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  Écrit par Sándor en hongrois et traduit par Véronique

Albi et Marykaa, Noël 1958 Albi et Marykaa, Noël 1958

L'expérience de nombreuses années m'a amené à la conviction que l'utilisation du nom de baptême a une influence certaine sur le caractère des gens tout au long de leur existence.  Il n'est pas rare que celui qui est baptisé István, mais qu'on s'adresse à lui en l'appelant Pista, restera dans chacun de ses actes Pista, même à ses vieux jours.  Cela vaut pour János - s'il devient Jancsi, Jozsef, si on l'appelle Jozsi. Les Pista, Misi, Gyuri ou Zoli ne peuvent jamais se conduire comme les István, Mihaly etc.  Je l'ai observé dans beaucoup de cas, le résultat était toujours pareil !  Moi aussi, peut-être par malchance - ça a donné que quoi que dans toute mon existence je me considérais gai, joyeux, faiseur de tours pendables - je devais me montrer sérieux, car mon nom me commandait la sévérité - un sérieux et il n'y avait contre ça ni défense possible ni voie d'évitement.

La chose a commencé lorsque après avoir tenu sous l'eau de baptème sept enfants le même parrain - d'ailleurs un excellent ami d'enfance de mon père - un valeureux tailleur, moi, étant le 8e, notre parrain a déclaré : "ben, celui là on le baptisera d'après mon nom, qu'on lui donne le nom Sándor. ( Que Sándor soit son nom) ! Mes parents ont acquiescé avec joie, car ils se tiraillaient depuis quelques jours, ma mère voulant me donner le nom de son défunt frère : Béla, mon père en souvenir de son défunt père se tenait mordicus au nom István pour mon nom de baptême  ainsi - mon parrain - quoique ignorant tout des précédents, avec son intervention innovatrice a d'un coup réglé le discorde familiale, et je fus baptisé Sándor. 

Bien sur, en soi cela n'aurait pas été très grave, si plus tard j'aurais pu être Sanyi. L'erreur venait du fait que de la minute de mon baptême, à chaque occasion on me nommait Sándor!  Personne, personne n'a jamais eu l'idée , ni mes parents, ni mes frères et sœurs de m'appeler Sanyi.  Quand je pleurais, "pourquoi pleurs-tu Sándor?"  Demandait ma mère, Quand je me sentais bien dans mes langes et de mon contentement un sourire s'est dessiné sur mes lèvres ou encore plus un rire exprimait mon plaisir, "Regarde, Sándor rit déjà". disaient mes ainés, frères et sœurs. Lorsque mes parents s'absentaient de la maison pour régler les petits problèmes de la vie quotidienne, ma mère me confiait a mes ainés : "N'oubliez pas de surveiller Sándor! "

C'était ainsi pendant des années. Rendu à 6 ans quand ma mère m'a amené à l'école pour m'inscrire, le directeur en-lunetté rentrant mes données dans le Grand Livre - amicalement -. , presque en m'encourageant remarquait : "Et bien , Sándor, ton tour aussi est arrivé, tu as aussi grandi assez déjà pour devenir écolier" me donnant un "barack" sur la tête :" En avant".

À l'école il y avait beaucoup de Sanyi, mais j'étais le seul Sándor. J'ai joué avec des Nándi, Pista - et même des Sanyi - mais moi, je restais invariablement Sándor. Et je ressentis déjà que moi, même au jeu je dois rester Sándor, me comportant avec le sérieux que l'on attend d'un Sándor, car jouer des tours ne peut venir d'un Sándor. C'était donc tout naturel qu'après les années d'école, lorsque mes parents m'ont donné en apprenti, mon Maître et mes copains-apprentis  m'ont traité en Sándor - s'attendaient toujours à un meilleur rendement, l'ouvrage plus beau et mieux fait que les autres.. Jóska ou Toni.

Le maître ne disait jamais rien d'autre - si un de mes travaux n'était pas extraordinaire - : "Eh bien maintenant même toi Sándor tu deviens superficiel? "  Avec accent extra sur "toi aussi Sándor".  Moi, je sentis à ces moments là, que c'était Sanyi qui a fait ce travail - et on en demande compte à Sándor.

Je commençais  à conter fleurette, je regardais les jolies jupes - évidemment au moment des présentations sans effort je me présentais.. Sándor.  Jamais aucune amie ne m'a appelé Sanyi, elles me demandaient des conseils sérieux, n'ont jamais vu en moi Sanyi, l'amoureux - voulant faire des avances que l'on pourrait aussi faire marcher un peu, lui jouer des tours - uniquement le Sándor.  Leur apparaissait - toujours prévenant, arrangeant leur problèmes.  Si elle avaient su à quel point je souhaitais agir et être vu en Sanyi! Celui qui peut tout se permettre, que l'on ne reprends pas à cause d'une blague, un tour pendant ou une ânerie, mais que l'on accepte en bon camarade, joyeusement, avec plaisir d'avoir un copain aussi plein d'humour, ce Sanyi- là!

Bien sûr on m'aimait en groupe, dans la mêlée où je me trouvais nous faisions des blagues, riions de bon cœur, mais je constatais à ces moments là leur surprise, leur étonnement - ça ne s'accordait pas avec leur Sándor. Ça aurait été parfait venant d'un Sanyi quelconque.

En général j'étais toujours enjoué, prêt à badiner - bien sur, puisqu'au plus profond de moi-même, moi aussi, j'étais Sanyi.  Je le sentais en mon cœur, mais quelqu'un m'Interpellait, il gelait en moi tout élan en m'appelant Sándor. comme j'aurais aimé si on m'avait dit Sanyi - en passant - comme j'aurais répondu différemment à la question posée! Hélas! Sándor n'a jamais permis à Sanyi de se montrer en plein jour.

Je suis devenu soldat, le Sándor; - à côté d'un autre recru me dépassant d'une tête, bâtie en colosse, : le Sanyi Horvath.

Je me suis marié. Je pensais que dans le mariage j'obtiendrais la réalisation de cet ancien vœux et pour ma propre femme je deviendrais Sanyi. Déception. Nous nous sommes toujours beaucoup aimés avec mon épouse, mais de sa part en plus de son amour, il y avait un respect admirateur, qui l'empêchait de m'appeler Sanyi. mon Sanyi chéri! Non - même pas avec elle.  Pourtant, combien je le souhaitais! Et combien j'en aurais eu besoin!  Car, par exemple dans un groupe d'amis dans l'ambiance déjà réchauffé quand on voyait tout en rose, moi aussi j'oubliais d'être Sándor, Sanyi explosait!

Et bien, tout le monde se sentit libéré de cet un peu quand-même opprimant Sándor. tout le monde s'amusait plus, le rire des jeunes femmes tintait plus gaiement - on réussissait à oublier complètement Sándor.  Sándor disparu, il n'y avait que des Sanyi, devant qui on peut tout se permettre et femmes et filles entre deux pas de danse m'avouaient leur étonnement de découvrir en moi ce nouvel être. "Je ne savais pas que vous pouviez être aussi ainsi. J'ai appris à connaître un autre côté de vous aujourd'hui... Sándor"

Curieux, à ces moments là, je ne remarquais même pas qu'elles m'appelaient Sándor quand-même.  Sanyi échappé, rien ne l'arrêtait. Je vivais les moments les plus heureux de ma vie, je sentais qu'enfin j'ai pu me montrer moi, mon véritable moi.

Après - c'était dure, Sándor n'était pas content de l'escapade de Sanyi. Il disait presqu'à l'autre voix " tu t'es encore oublié Sándor!. Est-ce que c'est des choses à faire? Tu as oublié que tu es Sándor! que va penser le monde maintenant? Tu t'es abaissé toi aussi au niveau des Sanyi! Oh, de grâce! " Je devais presque m'enfuir de moi-même c'est à dire j'aurais aimé m'enfuire s'il n avait seulement où?  J'avais tellement envie à ces moments là d'entendre Sanyi, mon Sanyi chéri! Cela m'aurait rassuré, j'aurais mieux enduré les remontrances de Sándor. Mon Sanyi Chéri! m'aurait consolé - m'aurait compensé pour les sortis enguirlandeurs de Sándor.  Hélas - rien à faire, on m'appelle Sándor.

Notre petite fille avait quatre ans environs.. elle jouait souvent avec un petit voisin - parent de longue-distance, qui comme par hasard - et heureusement- s'appelait Sanyi. combien de fois j'ai envié ce petit gars quand notre petite fille - en dinant à table bavardait- je voyais avec ces petits éclaires dans les yeux - de son copain  Sanyi.  Comme il doit être content!  Pourtant lui, il ne le devine même pas qu'il sera l'enfant du bonheur et de la chance, car il est déjà embarqué sur le sentier du Sanyi - et ce sentier est parsemé des plus merveilleuses choses !

Puis un jour - mes cheveux grisonnaient - tout de même moi aussi je devins Sanyi pour quelqu'un.

Ça c'est passé à l'occasion d'une fête d'anniversaire où quelque chose du genre. La famille élargie était réuni pour fêter. En bavardant, un de mes beaux-frères a posé une question et comme tout le monde a déjà donné son avis sauf moi, mon beau-frère s'est adressé directement à moi  "et toi, qu'en penses-tu Sanyi!?" Je pouvais d'abord avoir mal entendu - mais  je ne pouvais même pas  prononcer encore un mot quand notre petite fille - qui également  assise à la même table - d'émerveillement et d'étonnement les yeux grand ouverts me regardait en me demandant : " mais papa,  vous êtes Sanyi?"

Le brouhaha générale éclata à cette question... Pour moi, c'était peut-être le moment le plus heureux de ma vie.

Depuis, bien des années sont passées - le nom Sándor-bácsi, vraiment me sied mieux - pourtant j'entends encore le son de cette petite voix, venant des décennies auparavant, celle de notre petite fille sur le not de l'étonnement l'appellation toujours tant souhaité " Sanyi".

Et maintenant, moi grand-père des deux adorables enfants de ma fille, lisant ses lettres, j'entends encore quoique d'un lointain grandissant- d'une voix se perdant me dire " PAPA, VOUS ÊTES SANYI?" !

Avril 1954, Győr


Duby Sándor 1894-1958

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